RAPPEL-TOI :  La Traversée République Charmoz Grépon.

Fin d’été et canicule : le cocktail fatal pour ne plus aller en haute montagne ? Après une longue analyse des conditions, notre dévolu se porte pour ce qu’on peut largement considérer comme une grande course : l’ascension de l’Aiguille de la République, suivie de la traversée vers le Charmoz puis vers le Grépon. Et une descente mémorable…

L’équipe de choc :  Jeff

France
Alpinisme – Grande course en pleine canicule
Souvenirs du 6 au 8 Septembre 2023

Les moments forts

Le bivouac au Col Charmoz Grépon et son coucher de soleil, l’arrivée à la Vierge du Grépon et pour la 2ème fois de la saison, le sommet de l’Aiguille de la République.

La vision du guide sur le périple

 

 Quand Jeff vient, c’est pour faire des belles courses. Alors ça peut mettre la pression sur le guide car il a toujours une petite idée en tête et il ne demord souvent pas de son plan initial. Cette année, il revient début septembre, une période où les températures fraîches sont de retour. Que nenni cette année avec une semaine de canicule ! Ce qui complique la tâche pour le guide dans le choix des courses.

 

Je monte la veille de son arrivée au Brévent pour jumeller les conditions dans le massif et j’appelle des proches pour demander leur précieux avis (merci Marc de ton expertise).

 

Une petite sortie de chauffe et nous y voilà, départ pour cette traversée à la fois hyper connue et tombli dans l’oubli. Je m’explique. L’ascension de la l’Aiguille de la République et la traversée Charmoz Grépon sont 2 courses parcourues régulièrement quand elles sont en conditions. Mais la liaison entre ces 2 itinéraires et tout sauf une classique. Paye tes infos pas très fournies sur cette liaison donc !

 

Je pars, comme dans toutes grandes courses, avec de l’appréhension (voir de l’angoisse). Au refuge, l’ambiance se détend pour moi quand je croise Dédé du Lac qui monte au bivouac de la Tour Rouge, puis le soir, un copain qui va aussi faire la République. On sera donc 3 cordées pour la République avec que des gens cools et que je connais, ça m’apaise un peu (surtout que je commence à connaître la voie normale après l’ascension de Juin avec Blandine). On oublie la grande voie l’aprem avec Jeff, ça permet de se reposer et de profiter de cette terrasse incroyable du refuge de l’Envers des Aiguilles.

 

Levé 4h (fait jour tard désormais), on se suit avec l’autre cordée tout du long, on rattrape Dédé et ses clients, l’ambiance est détendue, ça fait plaisir. Les dernières longueurs de cette ascension m’impressionne moins qu’en Juin mais ça reste plein gaz. Summit à 10h45 pour nous, toujours aussi impressionant de se tenir au sommet de l’Aiguille de la République. On fait ensuite une pause casse croûte après les rappels histoire de remettre de l’essence dans les machines. On reprend nos sacs lourds (bivouac oblige) et la grimpe reprend. Ce n’est pas si facile que ça après la brèche République-Charmoz, tout passe bien en grosse mais avec les sacs et ce qu’on a déjà fait, on ne court pas.
Je tente de suivre au mieux le topo Camptocamp qui dans l’ensemble est assez juste au final. Mais clairement, autant jusqu’à la Brèche de la République, je connaissais et les topos étaient détaillés, autant maintenant, les infos sont maigres et je connais pas du tout. Je sais que ça va passer mais y’a un peu de stress.

 

La canicule nous rattrape et nous désèche. Quand on passe à l’ombre et qu’on tombe sur de la neige, on “s’installe” pour se faire un petit café au réchaud. Jeff est refait du petit café ! Micro sieste et on s’y remet. On croise 2 sangles qui donne envie de taper un rappel sur la gauche, mais le topo indique qu’il faut continuer par le haut. J’utilise mon droit à l’erreur pour aller voir au-dessus et c’est bien l’itinéraire ! Pas trivial en grimpe, Jeff galère surtout que c’est plein gaz. Petit désescalade, et là, ô miracle, on trouve bien le piton du topo ! On doit ensuite trouver une vire traversante : elle est bien là mais faut bien l’imaginer par moment car elle est vraiment pas large par endroit. Des petits rappels sur des sangles qui tirent un peu la gueule, pas mal d’hésitation ensuite mais ça doit passer partout. On prend cependant le plus à gauche pour éviter les difficultés et ménager mon Jeff qui présente des signes de fatigue quand même. Grosse hésitation sous le Charmoz, je prends droit au-dessus, ça passe mais ça doit en effet peut être mieux passer par la droite comme le topo l’indique.

 

On retrouve le soleil, on en profite pour faire le vrai sommet du Grand Charmoz et on file au col Charmoz Grépon. On retrouve un itinéraire plus parcouru désormais avec du soleil, le luxe ! Il est 18h, y’a de la neige, on bivouaquera à ce col alors. On sort l’entreprise de maçonnerie pour terrasser la zone qui ressemble pas à grand chose au départ. Désormais y’a 2 places pas trop mauvaise. Perso, je dormirai hyper bien. Le réchaud ronronne et c’est la soupe face au coucher du soleil et une mer de nuage, un vrai truc d’Instagrameur mais sans le Live et autre artifice de la TrueLife.

 

Le lendemain, lever à 6h30, ça attaque assez fort et on se retrouve au pied la fissure Mummery. Bon dieu, c’est pas facile et avec le sac à dos avec bivouac avec le tapis du sol sur le côté, je couine ! Jeff encore plus !! S’en suivra les vénérables passages de cette magnifique traversée du Grépon avec le Trou de Canon, le Rateau de Chèvre, la Vire à Bicyclette, la fissure en Z et ENFIN la Vierge, toujours fidèle à son poste. Nous sommes seul au monde depuis la Brèche de la République, un vrai voyage granitique. Mais pourquoi personne ? Parce que la descente classique du Grépon est impraticable. Il va falloir se taper les quelques 25 rappels de la voie “le Soleil a Rendez-Vous avec la Lune”, ou si vous préférez, 850m de descente sur corde. Je me plante un peu pour trouver certains rappels (bien rester dans l’axe depuis le sommet du Grépon en gros et chercher les rappels équipés après être arrivés sur une vire avec des blocs/lames qui pointent vers le ciel, ceci après 3 rappels depuis le sommet).
C’est long 25 rappels mais on ne coincera jamais vraiment la corde, YES !!!
Arrivée 14h sur le glacier, 14h30 au refuge. Petite pause et on s’élance pour le Montenvers. Jeff commence à être fatigué quand même. On râte la dernière benne à 30min, damned ! Du coup, on est bon pour remonter au Montenvers à pied puis descendre à Chamonix à pied… Arrivée à 18h30 et on s’avachit sur la première terrasse ouverte avec coca, bière et portion de frites bien mérités !

 

Conclusion sur la course
Une grande course, ça côte pas plus que D+ mais c’est long, ça grimpe tout le temps, les sacs sont lourds avec le bivouac, ça manipe et la descente en rappels est moins évidente que par le glacier des Nantillons. Et l’engagement est bien là une fois la voie normale de la République quittée. Bref, tous les ingrédients pour un vrai voyage sur un rocher de bon à excellent.

 

 

Fourchette de prix pour l’encadrement : de 2200 à 2600€ suivant les conditions.

 

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