La vocation de cette newsletter est de partager le point de vue du guide sur certains sujets liés à la montagne et de partager certains récits d’aventure en texte et en images.

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Le temps du bilan est arrivé ! Je prends du recul sur la saison d’hiver qui touche bientôt à sa fin (et oui, y’a encore du ski à faire !).

Un hiver particulier, certains diront un hiver sans neige, je dirais un hiver où il aura fallu s’adapter encore plus que d’habitude. Alors pourquoi un hiver perçu sans neige ? Pour 2 raisons me semble-t-il. La première tient à la limite pluie/neige, qui a été très haute toute la saison, ie souvent au-dessus de 1600m d’altitude. Résultat, peu de neige en-dessous de cette altitude et la sensation, en arrivant en stations qu’il n’y avait pas de neige.

La deuxième raison tient aux créneaux de livraison de neige : un début de saison en novembre/décembre qui commence sur les chapeaux de roue puis plus grand chose dans la saison hivernale “socialement acceptable”, ie pendant les vacances de sport d’hiver.

Cumulez les 2 phénomènes et en effet, vous avez l’impression qu’il n’y a pas eu de neige cet hiver.

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A l’heure de l’ouverture des cols alpins pourtant, les volumes de neige à déplacer sont parfois monstrueux (on parle de mur de neige de 8m de hauteur au col de la Bonette par exemple !).

Un hiver “bizarre” donc. Mais l’hiver prochain sera mieux. C’est souvent ce que j’ai entendu cet hiver, ainsi que l’hiver dernier, ainsi que l’hiver encore avant, ainsi que l’hiver encore encore avant…

Alors, BREAKING NEWS, les prochains hivers seront encore tordus, voir encore plus tordus. Et ça ne va pas aller vers le mieux, ie ça ne sera plus comme avant. J’espère que vous avez profité de cet hiver 2024 car il restera dans les annales quand on sera en 2050.

Oui, il va falloir se rendre à l’évidence que c’est en train de changer.

Fini les journées de poudreuse qui tiennent des jours durant, fini la neige qui tient bas dans les vallées et qui rendent les paysages si blanc même en bas. Il faudra aussi apprendre à arrêter de parler de vagues de froid en plein hiver (surtout quand ils annoncent des températures légèrement en-dessous de 0°C).

Mais pour autant, ce n’est pas la fin du ski ! C’est le début de la fin du ski tel qu’on l’a habituellement connu mais c’est le début d’une ère où il va falloir s’adapter.

Quand la neige manquait en milieu de saison, je me disais qu’elle finirait bien par arriver le jour où les gens passeraient en mode Barbecue, à prendre la direction du Sud et switcher en mode été. A quelques semaines près, j’étais à peu près dans le vrai !

Pour ceux qui aiment la neige et le ski, il reste encore de beaux jours devant eux. Il va juste falloir être plus souple dans sa façon de concevoir le ski et penser peut être en plein mois de février de faire un peu de VTT et de remettre les skis en Avril. Pas facile hein ?? Ca sera juste un changement de mode à opérer dans notre cerveau, casser les codes. Le tissu économique devra également s’adapter pour résister : avoir des ouvertures de stations plus souples, proposer des activités annexes en cas de manque de neige.

Bon, la bonne nouvelle en tant que guide, c’est que s’adapter, ça a toujours était l’essence de notre métier. Donc on part sur de bonnes bases ! On doit par contre être des ambassadeurs du changement et de l’adaptabilité. Et franchement, les gens que j’emmène sont pour la plupart complètement d’accord sur le fait de choisir l’activité en fonction des conditions (ça aide peut être certes d’avoir une clientèle qui revient et qui me fait confiance).

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S’adapter

Premier élément auquel s’atteler donc, l’adaptation. Cet hiver a donc été un bel exemple avec quelques records encore établis dans le choix des destinations : décision la veille au soir pour un raid à ski de 4 jours (je remercie tous mes clients qui savent comment je fonctionne et qui me font confiance dans ce concept de choix  Last Minute). En plus du déficit du manque de neige, la météo a pas mal fait des siennes avec des modèles météo peu stables qui évoluaient au fil des heures, même sur les dernières heures.

D’où les prises de décision last minute pour aller là où il y a de la neige et là où il fait le plus beau.

Le rôle du guide devient prépondérant dans ces situations, situations dans lequel “l’amateur” non averti perdrait vite patience et switcherait sur une autre activité ou déciderait de rester sur une destination réservée 3 mois à l’avance malgré les conditions.

Le guide a dans sa besace une multitude d’idées de destinations avec des plans A, B, C, D, voir E et F.

S’adapter sera donc un état d’esprit essentiel à avoir pour la suite et c’est souvent une qualité mise en avant dans les articles parlant de “l’ébullition climatique” en haute montagne. Alors s’adapter à tout prix ?

Renoncer

On vit dans un monde où justement on peut s’adapter sans limite. Si les conditions de neige sont mauvaises dans les Alpes, on va au Japon, en Norvège, au Canada, là où le modèle de Wepowder nous indique que ça va être “oh my god, Insane” !

Oui mais non. En continuant sur ce mode, on va sûrement avoir de bonnes conditions (et encore, c’est pas là où il neige le plus que c’est le meilleur !) mais on va remettre une pièce dans la machine à dérégler.

Mais c’est surtout que je suis convaincu qu’on peut faire du bon, voir du très bon ski sans scier la branche sur laquelle on est assis et respecter un peu notre bonne vieille planète.

Qui plus est, sur un sens éthique et morale, comment être cohérent avec soi en prônant l’amour sans limite à la nature tout en continuant à la “défoncer” sans limite.

Agir

Alors oui, j’en vois certains bondir de leur chaise en lisant les dernières phrases. “Il est gentil le guidos, il prône la sobriété énergétique mais il continue de se déplacer en voiture pour aller skier, il boit des canons et mange des burgers” (tous ses faits sont véridiques, je l’avoue!).

Remettons l’église au centre du village (ou l’facteur sur son vélo) : l’idée n’est pas de faire du ski vélo en partant de la grotte où l’on vit avec des peaux de bête. Là encore, BREAKING NEWS, il existe un entre deux entre Héliski en Nouvelle Zélande et vélo ski à Grenoble.

Encore faut-il savoir ce qui est bon/pas bon/moins pire. C’est tout l’objet du bilan carbone des sorties que je tente de mettre en place : avoir une idée objective et rapide de notre impact. Car il existe pas mal de leviers sur lequel nous pouvons agir pour limiter notre impact. Et pas forcément ceux auquels on croit.

Et nous avons la chance de vivre sur un territoire incroyablement bien maillé, où il existe de trop nombreuses possibilités de traversées, boucles. Il faut juste penser un peu différemment et passer un peu de temps à réfléchir. Et l’Autriche, l’Italie ou la Suisse, en train, ce n’est pas si loin et c’est beaucoup plus respectueux de notre environnement.

Conclusion

Tout ça pour quoi? On en revient à la raison première de pourquoi on fait de la montagne : l’aventure, la découverte, le dépassement de soi et la connexion avec la nature.

Des motivations qui sont gravées dans notre cerveau. C’est pourquoi je reste optimiste sur l’avenir du métier de guide, en étant lucide sur le fait qu’on ne pourra plus/qu’on ne devra plus proposer n’importe quoi n’importe où.

Le Saviez-vous ?

Vous perdez 2°C tous les 300m en montant en altitude. Donc avec un réchauffement à 2°C en moyenne, la limite pluie/neige monte en moyenne de 300m.

L’impact C02 d’une journée en station de ski est de 1,4 kgCO2eq (utilisation du domaine skiable). Par contre, si vous êtes venus en voiture, ça explose !

Une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’humidité (relation Clausius-Clapeyron) : à 1,2°C de réchauffement global, l’atmosphère peut contenir environ 8,4 % d’humidité en plus.

Bilan Carbone des sorties

J’avoue, je me suis pris le choux et je continue de me le prendre. C’est un vrai bordel la donnée C02, si t’as pas une journée à looser, compliqué de dresser un bilan carbone d’une quelconque sortie (sauf celle d’un tour à pied autour de chez toi qui n’émet rien). Mais à force de se prendre le choux (attention aux flatulences qui s’en suivent, là aussi émettrice de méthane), je suis arrivé à construire un outil qui commence à être pertinent.

Un outil qui essaye de prendre en compte toutes les sources émettrices de gaz à effet de sphère quand on fait notre sortie outdoor préférée :

  • transport (voiture, train (mix énergétique des pays compris), bus, vélo électrique, vélo)

  • nourriture (gros burger, tofu végé dégueulasse, etc)

  • hébergement (hôtel avec spa et bien être pour un maximum de relaxation, bivouac avec 4 planches trouées, etc)

  • boissons (eau, thé du Sichuan, Grösse Biere, vins)

  • matériel (ski, peaux, piolets, vestes Gore Tex à 850€…)

Et tout pris en compte, on arrive parfois à des surprises ! Ou pas. Dans tous les cas, l’idée est d’avoir un bilan OBJECTIF de notre sortie, et de ne pas débattre pendant des heures sur des données souvent peu vérifiés ou des sois disants (le tout pour conclure, que d’abord, on est foutus et qu’on peut bien continuer comme on faisait).

Et accessoirement, avoir des ordres de grandeur des principales sources émettrices, pour pourquoi pas faire mieux lors de notre prochaine sortie. Idem, je sens déjà certains dires “d’où tiens-tu des données, elles sont fausses…”. On parle bien d’ordre de grandeur et pour s’améliorer, il faut déjà dresser un bilan de l’existant.  

Alors, pour les sorties de cet hiver, j’ai essayé de dresser le bilan CO2 de certaines sorties, vous trouverez les résultats ci-dessous.

Et vous ??? Est-ce que c’est un outil qui pourrait vous intéresser ? En 1min top chrono, vous pouvez exprimer votre avis en cliquant ci-dessous.

Et si vous vous reconnaissez dans la conception d’un tel outil, n’hésitez pas à répondre à ce message si vous voulez apporter votre pierre à l’édifice.

Retour sur les sorties de cet hiver

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Dolomites nous revoilà !

Une météo peu clémente, un BERA à 4, on y va quand même. Les conditions s’avèreront dantesques après stabilisation du manteau neigeux dont une journée complètement dingue  avec 3 lignes majeures enchaînées.

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5 jours sur place, Aller et retour en voiture, 3 nuits en hôtels 4 étoiles.

Autriche en train. Départ en train de Genève à 17h, arrivée à 5h dans la station de ski, prêt à en découdre avec les 1ères pentes. Un ratio journalier de 600m D+ pour 2000m D-, merci les remontées mécaniques.

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5 jours sur place, Aller et retour en train, auberge de jeunesse et refuges, et pas mal de bières !

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Un peu de glace malgré un hiver pauvre en froid. On profite des conditions avant d’accueillir un groupe en formation avec Sophie qui est en tutorat guide. Un grade 6 pour se chauffer.

Créneau bloquée avec Lionel pour faire un truc pour nous en montagne, les condis sont là ourah ! On opte pour le couloir Lagarde aux Droites  à la journée depuis les Grands Montets, 2400m de D+ avec 1000m skis sur le dos.

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Mont Blanc à ski il y a quelques jours, jamais vu autant de neige un 25 Mai !

Un des stages Ski de pente raide de l’hiver. Comment être plus à l’aise dans les pentes qui dépassent les 40°.

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Descente face au Cervin pour clôturer ces 4 jours dans le Val d’Aoste avec une grosse journée à 1700m et un bivouac (avec poële mais un peu froid pour certains) !

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Une journée de repos, une ligne repérée quelques jours plus tôt en me fourvoyant, un perfo dans le sac et voilà Spindrite.

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